10 septembre : les jamais-content·e·s un peu content·e·s

Ce 10 septembre, on était content·es. De sentir les bourgeois trembler (et pas que ceux qui roulent en Tesla). Des semaines qui précédaient, où tout le monde était à fond (AG pleines, affiches collées partout par différents groupes…). D’avoir vu les gens en lutte utiliser des modes d’organisation qui nous sont chers, et prendre de plus en plus en compte la lutte contre les dominations. Des blocages et surtout du soutien de toutes les personnes qu’on croisait, qui étaient ravies de voir des gens essayer de tout bloquer (vos klaxons nous font du bien !). Des motiv’ de permanence soin, garderie et repas, parce que nos luttes ne passent pas uniquement par les pavés (de pierre ou de papier) ! D’avoir réussi à créer ces moments entre groupes qui n’arrivent pas à s’organiser ensemble habituellement. Du nombre de personnes présentes à la manif. De l’attention collective aux autres et de chouettes réflexes quand les flics chargeaient. Et de l’apparition de caisses de grève jusque tard dans la nuit à des endroits inattendus. Alors on continue !

Graffiti of a flower growing from a cop helmet.

« Ils peuvent essayer de couper les fleurs, mais ils ne peuvent pas empêcher le printemps ! » « De vos cendres nous nous soulèverons »

10 septembre à Lille : et la rue elle est acquise !

La journée du 10 septembre était chargée et joyeuse. On a fait une petite sélection des trucs qui nous ont marqué.

5h : 350 personnes à la Bourse du Travail. Certain·es hésitaient à rendre cet appel public, mais la veille, une banderole sur le périph’ annonçait clairement le rendez-vous. Au final, la présence massive avant le lever du soleil nous a tou·tes donné la patate ! Direction B’twin village et périph’, bloqués 1h à base de barricade enflammée. Dispersés par les flics, les gens se retrouvent en se passant le mot par bouche-à-oreille, comme un « 8h45 Porte d’Arras » qui a mené à un beau blocage.

8h : Lycées lillois bien déter’ ! Les cours n’ont pas repris depuis plus de deux semaines, mais Pasteur (Vieux-Lille) et Montebello (Porte des Postes) et l’EPIL (Wazemmes) mettent la barre haut pour cette première journée de mobilisation. Petits blocages, barrages filtrants… selon l’endroit, la police a réagi différemment, mais encore une fois elle n’hésite pas à gazer et violenter la jeunesse ! ACAB !

13h : 500 personnes en AG !? 1h30 avant le départ de la manif du jour, une assemblée est posée. 500 personnes y participent, en mangeant des centaines de sandwiches faits par des camarades le matin-même. Le micro tourne bien, ça rappelle la fougue des Assemblée populaires des GJ. Propositions stratégiques, revendications, témoignages individuels, petites musiques composées la veille… les prises de parole s’enchaînent avec fluidité et galvanisent pour la manif qui suit !

14h30 : 15 à 20.000 personnes en manif ! Rue Faidherbe : des tags sur ces containers dorés moches de Lille3000 : « Macron explosion ! ». Rue Nationale, le Printemps a perdu quelques vitrines et le Carrefour plu loin n’en a plus une seule intacte… Plusieurs gros gazages place de Strasbourg. Devant les halles du Match Solférino, une Tesla garée n’a pas résisté à la foule en liesse : ses vitres sont éclatées et un tag « Nazi » sur le capot. Au théâtre Sébastopol, alors qu’un canon a eau arrose la foule, une 2e Tesla se prend 2-3 pavés. Après plusieurs dizaines de minutes, l’intervention du canon à eau et un petit feu de poubelle à Sébastopol, la manif arrive enfin à Répu. Les flics finissent par tenter de vider la place, ils gazent massivement pendant de longues minutes, forçant les gens à refluer vers… la rue de Béthune et Molinel. Des groupes s’y reforment et continuent la fête.

18h30 : AG-Soupe place Casquette. Alors que toutes les terrasses de la ville sont dans une euphorie collective, une AG réunit 200 personnes place Casquette, et fomente déjà la suite de la lutte !

10 septembre dans le NP2C : grève, blocage, manif sauvage

Le 10, c’était aussi de très nombreuses actions réussies dans toute la région. On en a relevé quelques-unes comme le blocage d’Amazon ou le piquet de grève à Nestlé, dans le Douaisis. Ça a bloqué aussi à ArcelorMittal à Dunkerque, aux rond-points d’Auchan Petite-Foret (Valenciennes) et celui du péage de Nœux-les-Mines près de Lens. D’autres ont été occupés avec barrages filtrants, comme au MIN de Lomme, à Saint-Pry près de Béthune, à Calais-Outreau, ou encore à Bailleul.

Les lycéen·nes de Lille se sont aussi motivé·es sur cette journée en bloquant Pasteur, l’EPIL ou encore Montebello. L’ESAAT (Roubaix) a fermé ses portes après un blocage en matinée.

Il y a aussi eu plein de manifs, de Valenciennes à Dunkerque, en passant par Arras, Béthune, Maubeuge et Boulogne. La manif de Douai a fini en sauvage et celle de Calais s’est même prolongée par une action d’occupation du Carrefour, contraint à fermer ! On imagine de nombreuses autres actions dont nous n’avons pas connaissance, n’hésitez pas à envoyer vos infos à anarchielocale59[arobase]subvertising.org !

« Nik l’ekol» L’Anarc-En-Ciel n° 5 – Septembre 2025

Pour cette période de rentrée scolaire et surtout sociale, on vous propose un numéro spécial critique de l’Education Nationale. Retrouvez des arguments pour abolir l’école, ou au moins de bonnes excuses pour ne plus y aller. A mettre entre les mains de toustes les profs et élèves !

(On a actualisé la dernière version car on mettait notamment en ressource le bouquin « Homo » de Gilles Dauvé, qui est un négationniste notoire en fait. Pardon pour celleux qui ont eu cette version)

Edito :

(Cet édito est écrit dans l’ortografe sinplifiée créé par Anna mahé)

L’éducacion est une arme. Et elle est braquée contre nous.

Combien sommes-nous à avoir subi l’école ? Combien de queeros enfermé.es dans cet enfer d’intégracion au capitalisme cishétérosexuel ? Seul.e face au harcèlement, aus violences, à l’endoctrinement, à l’autorité incontestable de l’institcion ? Si l’école est une machine à formater les cerveaus, il est normal que les anormaus n’y trouvent pas leur place.

Cet espace de contrôle sur tous les points ne s’intéresse pas à notre bien-ètre. L’école fait come si les sexualités n’existaient pas et laisse alors vivre des premières expériences atroces à tout un tas d’ados. Révoltons-nous contre tout ce bullshit. A partir du 10 Septembre et tous les jours, toi aussi bloque ton école.

L’Anarc-en-Ciel

PS : un prochain numéro sera sur le thème du CONSENTEMENT, envoyez vos articles, vos dessins, vos mèmes, vos poèmes et vos idées ! Aussi, si vous voulez mettre en avant vos p’tites créations locales, on peut faire ça.

Pour contribuer à ce journal, nous faire des retours ou contacter le groupe local de Lille : anarc-en-ciel [at] grrlz.net
Il est réalisé dans le cadre du Projet Anarc-En-Ciel Transnational (PACT). Plus d’infos sur anarcenciel.noblogs.org

Sommaire :

POURQUOI L’EKOL C NUL ?
NAISSANCE D’UN OUTIL BOURGEOIS
ALTERNATIVES ET INITIATIVES LIBERTAIRES
LUTTER CONTRE L’EDUCATION CISHETEROPATRIARCALE

PDF (brochure) :
« Nik l’ekol » L’Anarc-En-Ciel Lille n°5 – Septembre 2025

Et aussi, voilà une version avec quelques images aux couleurs inversées, un peu funky ( !!! CETTE VERSION VA BOUFFER TOUTE VOTRE ENCRE, IMPRIMEZ LA A FRANCE TRAVAIL !!! )

Numéro 18 – Septembre 2025 bis

De retour avant la fin du mois, Anarchie Locale se paye un deuxième numéro pour le mois de septembre ! On avait trop de trucs à dire avec cette fin d’été incandescente, donc on n’a pas pu s’en empêcher.

Au programme, plutôt insurrectionnaliste : retour sur le 10 septembre dans le Nord, révoltes internationales, racisme en Angleterre, et une mise au point sur la modification d’un article du précédent numéro.

À partager partout où c’est pertinent !

Droit de grève

Car la grève reste un bon moyen d’action dans le rapport de force avec les dirigeants, et même si c’est un droit qui ne devrait pas connaître de restrictions, il est bon d’en connaître le cadre légal pour se protéger de la répression. Voici donc un petit récap.

DANS LE PRIVÉ, si (comme pour le 10 septembre) il y a un appel syndical national, local ou interpro, aucune formalité n’est nécessaire pour faire grève. Il n’y a aucune obligation d’avertir le patron avant, tu peux te déclarer gréviste une fois de retour au travail.

Autrement, si un syndicat appelle à la grève uniquement dans ton entreprise : pas de formalité non plus, mais il faut être au moins deux grévistes (sauf si tu es le/la seul·e salarié·e).

Si il n’y a aucun appel syndical, que ce soit national ou local, les grévistes doivent faire un courrier signé à la direction avec la liste des revendications.

DANS LE PUBLIC (et le privé exerçant une activité de service public), la grève doit être couverte par un préavis posé au moins 5 jours avant par un syndicat représentatif. De plus dans les structures soumises au service minimum (hôpital, transport public, écoles…) tu dois te déclarer gréviste au moins 48h à l’avance en remplissant un formulaire.

La grève doit porter sur des revendications professionnelles (salaires, horaires, conditions de travail, etc.). Pour une grève plus politique (retrait de réforme, démission…), il faudra donc se protéger derrière une revendication professionnelle.

Plus d’infos : « Comment faire grève si je suis isolé·e« , sur paris-luttes.info (2023) ou « 5 décembre : comment faire grève ? » sur Contre Attaque (2019)

Se renseigner autrement, se rencontrer autrement

L’État nous manipule, les médias nous mentent. Vite dit, mais qu’est-ce qui est réel dans cette critique à l’emporte-pièce ? L’État n’est pas un monstre qui pense de manière cohérente, il a ses failles et ses contradictions. Il incarne à peu près ce que ses organes de pouvoir veulent. Si pour fonctionner, il a besoin de gens dociles, au boulot, qui ne crient pas, il matera autant qu’il le peut celleux qui vont dans le sens contraire. Les médias, selon qui les possède et ce qu’ils veulent, produisent des idées plus ou moins alignées avec celles des gouvernants et mentent principalement en cadrant énormément les sujets qu’ils traitent. L’idée anarchiste, c’est d’augmenter son autonomie à l’égard des structures de pouvoir.

Ainsi, tu trouveras des idées alternatives sur des sites comme infokiosques.net, ou des informations issues des gens directement sur des sites participatifs (lille.indymedia.org, paris-luttes.info, ricochets.cc…). Il existe aussi des médias alternatifs où les journalistes sont bénévoles (ou militants) : Contre Attaque, Rapports de forceSur Lille, tu peux retrouver une liste dans Anarchie Locale. De notre côté, on n’a pas la prétention d’être de la grande presse mais on tente de faire circuler les infos qu’on voit et qu’on veut partager, c’est notre moyen de nous réapproprier l’information.

Pour s’ouvrir à des idées alternatives, il y a aussi des lieux à Lille, où tu peux trouver des gens, des organisations, ou des informations sans ordres ni pubs : le Centre Culturel Libertaire (4 rue de Colmar), la CNT (32 rue d’Arras), l’Anamorphose (48 rue du Long Pot), le Centre LGBTQIF « J’en suis j’y reste » (19 rue de Condé)…

Ouvrons l’œil et retrouvons-nous !
Vive l’autonomie, vive l’anarchie.

Louise Michel, militante anarchiste, fin du 19e siècle

Du scandale individuel à la punition collective

Fin juillet une réfugiée gazaouie, Nour, a subi une campagne de harcèlement raciste, sur internet et à la télé. Elle était inscrite à Sciences po Lille et était hébergée chez le directeur Étienne Peyrat en attendant son logement CROUS. Mais un élu RN a révélé ses tweets antisémites citant Hitler, et comme ils n’aiment que les nazis blancs, ça a été relayé par la facho-réac compagnie (CNEWS, Retailleau…). L’extrême droite instrumentalise la lutte contre l’antisémitisme pour avancer son discours raciste. Et ça fait flipper de voir les conséquences que ça a.

En 48 heures seulement, Jean-Noël Barrot (ministre des affaires étrangères) l’a expulsée vers le Qatar, en l’accusant d’apologie au terrorisme.
À la suite de ça, le gouvernement français a interdit l’attribution du statut de réfugié à toutes les personnes palestiniennes. Au delà de l’occupation, de la guerre et du génocide que ce peuple subit, c’est insensé de refuser l’asile à tout un peuple parce qu’une personne a eu des propos antisémites. Donc on voit surtout cet enchaînement d’événements comme une preuve des mécanismes de domination raciste et coloniaux de l’état français.

À Lille, cet été, on était dégouté·es car on a rien pu faire pour protester contre la punition collective à l’encontre de tous·tes les palestinien·nes. Déjà parce que bah… y’a personne l’été ! Mais aussi parce qu’on se sent vachement dépendant·es de l’AFPS 59, alors que leur moyens d’actions ne nous correspondent pas, mais on sait pas vers qui se tourner d’autre quand il s’agit de la Palestine. On espère qu’à la rentrée on sera plus nombreuxes pour mettre la misère aux fachos, car cette histoire nous révolte et ces décisions nous dégoûtent et nous enragent.

L’instrumentalisation de l’antisémitisme contre les palestinien·nes et celleux qui luttent en solidarité doit s’arrêter.

Stop génocide, free Palestine !

Note importante : ce texte a fait l’objet d’une modification depuis sa première publication début septembre 2025. Une nouvelle version du format papier a été éditée et réimprimée pour continuer sa diffusion. Le motif de cette modification sont détaillés dans le numéro 18 d’Anarchie Locale.

« Sponti » : tout casser en scred plutôt que tout tenter en manif

Depuis quelques années et à mesure que l’état policier s’étend, on constate qu’il est de plus en plus difficile de tenter d’aller attaquer les enseignes capitalistes. Les derniers exemples marquants sont les révoltes pour Nahel ou les Gilets Jaunes. Mais d’un côté l’État adapte ses moyens de répres-sion, grassement financés par les riches ou les taxes (embauche de flics, achat d’armes de guerre utilisées contre les manifestant·es, installation de caméras…) et réprime de manière arbitraire (600 incarcérations sur 1000 condamnations pour l’été 2023, et 400 sur 3100 condamnations pour les GJ). D’un autre, il est plutôt rare qu’on atteigne ce niveau de conflictualité permettant de faire perdre les pédales aux forces de l’ordre et donnant cette opportunité. Faut-il baisser les bras pour autant ?

En Allemagne, les militants anticapitalistes s’organisent pour sortir la nuit sans préavis, faire du bruit, manifester ou démolir les enseignes d’une rue (et pourquoi pas piller quelques magasins). Ils appellent ça les « Spontis », contraction du mot « spontané ». L’idée est simple : on se donne de la manière la plus discrète possible un rendez-vous en ville à 20-40 personnes loin des yeux des caméras et de nos téléphones, on s’habille de manière anonyme (noir, masque covid, gants…), on prend du matos (pavés, peinture, affiches…) et on se donne une heure de début et de fin, 10 minutes maximum. À la fin, on se taille fissa, en ordre dispersé. Le lendemain, les habitant·es découvrent le résultat, effaré·es ou réjoui·es. Et ça donne du boulot aux vitriers, aux peintres et aux menuisiers. Si on en fait assez, peut-être qu’on peut relancer l’économie ?

Et le flic dans ta poche ?

Les téléphones sont depuis longtemps un grand allié de la police. Ils permettent à la fois de donner notre position en permanence, de savoir avec qui on parle, de quoi on a parlé, de donner des images pour nous inculper (même des « meme » avec un plan de paris en forme de bite avait été utilisé comme preuve lors de l’affaire du 8 décembre). Et depuis que les militant·es utilisent Signal et Telegram (on déconseille ce dernier) ils ont accès à un large réseau de numéros et d’identités dès que 1 seul appareil est confisqué même si t’as jamais échangé avec cette personne. Car même si ton téléphone est éteint ou verrouillé les flics peuvent tout siphonner grâce au « Kiosk« , un outil capable de casser le chiffrement de tout les téléphones (à l’exception de ceux qui fonctionnent sous GrapheneOS). C’est pour ça qu’on répète qu’il faut laisser nos tels à la maison. C’est pas pour se distinguer, mais vraiment parce que il y a trop d’infos dans un si petit truc.

Depuis que la majorité des gens utilisent une messagerie chiffrée (la plupart du temps sans le savoir), l’état fait la gueule et cherche à tout prix à briser ces protections. En fRance, l’immonde loi narcotrafic avait un passage qui obligeait les messageries chiffrées à avoir des failles dédiées aux gouvernements. Cette partie de la loi a été supprimé mais Retailleau a promis que ça reviendrait. Au niveau de l’Europe, c’est la loi Chat Control qui forcerait les messageries à analyser par IA chaque message, juste avant l’envoi (donc quand c’est pas encore chiffré). Et pour les applications récalcitrantes, les constructeurs de téléphones devront installer de manière silencieuse un mouchard qui fait le même taf ! Si l’algo détecte quelque chose de « suspect », un signalement sera directement envoyé à la police.

Individuellement, 2 solutions s’offrent à nous : ne plus avoir de téléphone ou passer à GrapheneOS. Graphene c’est un système d’exploitation (OS) pour les téléphones Pixel, qui a pour seul but la sécurité, et, à l’inverse des autres OS alternatifs, c’est assez facile à installer. Mais faut garder en tête que moins on fait avec un tel, mieux on se protège.

On a pas la place pour détailler, donc si tu veux plus d’infos : « GrapheneOS for Anarchists » (anglais) sur anarsec.guide (il est recommandé d’y accéder via le navigateur TOR).

Autres informations détaillées sur le sujet (fonctionnement de la téléphonie, outils policiers, pistes de réduction des risques sur les usages de téléphones en contexte militant) dans cette brochure : « Téléphonie mobile. Surveillances, répressions, réduction des risques » (2025), ou sur le blog participatif « Téléphonie mobile & activisme« .