10 septembre à Lille : et la rue elle est acquise !

La journée du 10 septembre était chargée et joyeuse. On a fait une petite sélection des trucs qui nous ont marqué.

5h : 350 personnes à la Bourse du Travail. Certain·es hésitaient à rendre cet appel public, mais la veille, une banderole sur le périph’ annonçait clairement le rendez-vous. Au final, la présence massive avant le lever du soleil nous a tou·tes donné la patate ! Direction B’twin village et périph’, bloqués 1h à base de barricade enflammée. Dispersés par les flics, les gens se retrouvent en se passant le mot par bouche-à-oreille, comme un « 8h45 Porte d’Arras » qui a mené à un beau blocage.

8h : Lycées lillois bien déter’ ! Les cours n’ont pas repris depuis plus de deux semaines, mais Pasteur (Vieux-Lille) et Montebello (Porte des Postes) et l’EPIL (Wazemmes) mettent la barre haut pour cette première journée de mobilisation. Petits blocages, barrages filtrants… selon l’endroit, la police a réagi différemment, mais encore une fois elle n’hésite pas à gazer et violenter la jeunesse ! ACAB !

13h : 500 personnes en AG !? 1h30 avant le départ de la manif du jour, une assemblée est posée. 500 personnes y participent, en mangeant des centaines de sandwiches faits par des camarades le matin-même. Le micro tourne bien, ça rappelle la fougue des Assemblée populaires des GJ. Propositions stratégiques, revendications, témoignages individuels, petites musiques composées la veille… les prises de parole s’enchaînent avec fluidité et galvanisent pour la manif qui suit !

14h30 : 15 à 20.000 personnes en manif ! Rue Faidherbe : des tags sur ces containers dorés moches de Lille3000 : « Macron explosion ! ». Rue Nationale, le Printemps a perdu quelques vitrines et le Carrefour plu loin n’en a plus une seule intacte… Plusieurs gros gazages place de Strasbourg. Devant les halles du Match Solférino, une Tesla garée n’a pas résisté à la foule en liesse : ses vitres sont éclatées et un tag « Nazi » sur le capot. Au théâtre Sébastopol, alors qu’un canon a eau arrose la foule, une 2e Tesla se prend 2-3 pavés. Après plusieurs dizaines de minutes, l’intervention du canon à eau et un petit feu de poubelle à Sébastopol, la manif arrive enfin à Répu. Les flics finissent par tenter de vider la place, ils gazent massivement pendant de longues minutes, forçant les gens à refluer vers… la rue de Béthune et Molinel. Des groupes s’y reforment et continuent la fête.

18h30 : AG-Soupe place Casquette. Alors que toutes les terrasses de la ville sont dans une euphorie collective, une AG réunit 200 personnes place Casquette, et fomente déjà la suite de la lutte !

10 septembre dans le NP2C : grève, blocage, manif sauvage

Le 10, c’était aussi de très nombreuses actions réussies dans toute la région. On en a relevé quelques-unes comme le blocage d’Amazon ou le piquet de grève à Nestlé, dans le Douaisis. Ça a bloqué aussi à ArcelorMittal à Dunkerque, aux rond-points d’Auchan Petite-Foret (Valenciennes) et celui du péage de Nœux-les-Mines près de Lens. D’autres ont été occupés avec barrages filtrants, comme au MIN de Lomme, à Saint-Pry près de Béthune, à Calais-Outreau, ou encore à Bailleul.

Les lycéen·nes de Lille se sont aussi motivé·es sur cette journée en bloquant Pasteur, l’EPIL ou encore Montebello. L’ESAAT (Roubaix) a fermé ses portes après un blocage en matinée.

Il y a aussi eu plein de manifs, de Valenciennes à Dunkerque, en passant par Arras, Béthune, Maubeuge et Boulogne. La manif de Douai a fini en sauvage et celle de Calais s’est même prolongée par une action d’occupation du Carrefour, contraint à fermer ! On imagine de nombreuses autres actions dont nous n’avons pas connaissance, n’hésitez pas à envoyer vos infos à anarchielocale59[arobase]subvertising.org !

Du scandale individuel à la punition collective

Fin juillet une réfugiée gazaouie, Nour, a subi une campagne de harcèlement raciste, sur internet et à la télé. Elle était inscrite à Sciences po Lille et était hébergée chez le directeur Étienne Peyrat en attendant son logement CROUS. Mais un élu RN a révélé ses tweets antisémites citant Hitler, et comme ils n’aiment que les nazis blancs, ça a été relayé par la facho-réac compagnie (CNEWS, Retailleau…). L’extrême droite instrumentalise la lutte contre l’antisémitisme pour avancer son discours raciste. Et ça fait flipper de voir les conséquences que ça a.

En 48 heures seulement, Jean-Noël Barrot (ministre des affaires étrangères) l’a expulsée vers le Qatar, en l’accusant d’apologie au terrorisme.
À la suite de ça, le gouvernement français a interdit l’attribution du statut de réfugié à toutes les personnes palestiniennes. Au delà de l’occupation, de la guerre et du génocide que ce peuple subit, c’est insensé de refuser l’asile à tout un peuple parce qu’une personne a eu des propos antisémites. Donc on voit surtout cet enchaînement d’événements comme une preuve des mécanismes de domination raciste et coloniaux de l’état français.

À Lille, cet été, on était dégouté·es car on a rien pu faire pour protester contre la punition collective à l’encontre de tous·tes les palestinien·nes. Déjà parce que bah… y’a personne l’été ! Mais aussi parce qu’on se sent vachement dépendant·es de l’AFPS 59, alors que leur moyens d’actions ne nous correspondent pas, mais on sait pas vers qui se tourner d’autre quand il s’agit de la Palestine. On espère qu’à la rentrée on sera plus nombreuxes pour mettre la misère aux fachos, car cette histoire nous révolte et ces décisions nous dégoûtent et nous enragent.

L’instrumentalisation de l’antisémitisme contre les palestinien·nes et celleux qui luttent en solidarité doit s’arrêter.

Stop génocide, free Palestine !

Note importante : ce texte a fait l’objet d’une modification depuis sa première publication début septembre 2025. Une nouvelle version du format papier a été éditée et réimprimée pour continuer sa diffusion. Le motif de cette modification sont détaillés dans le numéro 18 d’Anarchie Locale.

« Sponti » : tout casser en scred plutôt que tout tenter en manif

Depuis quelques années et à mesure que l’état policier s’étend, on constate qu’il est de plus en plus difficile de tenter d’aller attaquer les enseignes capitalistes. Les derniers exemples marquants sont les révoltes pour Nahel ou les Gilets Jaunes. Mais d’un côté l’État adapte ses moyens de répres-sion, grassement financés par les riches ou les taxes (embauche de flics, achat d’armes de guerre utilisées contre les manifestant·es, installation de caméras…) et réprime de manière arbitraire (600 incarcérations sur 1000 condamnations pour l’été 2023, et 400 sur 3100 condamnations pour les GJ). D’un autre, il est plutôt rare qu’on atteigne ce niveau de conflictualité permettant de faire perdre les pédales aux forces de l’ordre et donnant cette opportunité. Faut-il baisser les bras pour autant ?

En Allemagne, les militants anticapitalistes s’organisent pour sortir la nuit sans préavis, faire du bruit, manifester ou démolir les enseignes d’une rue (et pourquoi pas piller quelques magasins). Ils appellent ça les « Spontis », contraction du mot « spontané ». L’idée est simple : on se donne de la manière la plus discrète possible un rendez-vous en ville à 20-40 personnes loin des yeux des caméras et de nos téléphones, on s’habille de manière anonyme (noir, masque covid, gants…), on prend du matos (pavés, peinture, affiches…) et on se donne une heure de début et de fin, 10 minutes maximum. À la fin, on se taille fissa, en ordre dispersé. Le lendemain, les habitant·es découvrent le résultat, effaré·es ou réjoui·es. Et ça donne du boulot aux vitriers, aux peintres et aux menuisiers. Si on en fait assez, peut-être qu’on peut relancer l’économie ?

Et le flic dans ta poche ?

Les téléphones sont depuis longtemps un grand allié de la police. Ils permettent à la fois de donner notre position en permanence, de savoir avec qui on parle, de quoi on a parlé, de donner des images pour nous inculper (même des « meme » avec un plan de paris en forme de bite avait été utilisé comme preuve lors de l’affaire du 8 décembre). Et depuis que les militant·es utilisent Signal et Telegram (on déconseille ce dernier) ils ont accès à un large réseau de numéros et d’identités dès que 1 seul appareil est confisqué même si t’as jamais échangé avec cette personne. Car même si ton téléphone est éteint ou verrouillé les flics peuvent tout siphonner grâce au « Kiosk« , un outil capable de casser le chiffrement de tout les téléphones (à l’exception de ceux qui fonctionnent sous GrapheneOS). C’est pour ça qu’on répète qu’il faut laisser nos tels à la maison. C’est pas pour se distinguer, mais vraiment parce que il y a trop d’infos dans un si petit truc.

Depuis que la majorité des gens utilisent une messagerie chiffrée (la plupart du temps sans le savoir), l’état fait la gueule et cherche à tout prix à briser ces protections. En fRance, l’immonde loi narcotrafic avait un passage qui obligeait les messageries chiffrées à avoir des failles dédiées aux gouvernements. Cette partie de la loi a été supprimé mais Retailleau a promis que ça reviendrait. Au niveau de l’Europe, c’est la loi Chat Control qui forcerait les messageries à analyser par IA chaque message, juste avant l’envoi (donc quand c’est pas encore chiffré). Et pour les applications récalcitrantes, les constructeurs de téléphones devront installer de manière silencieuse un mouchard qui fait le même taf ! Si l’algo détecte quelque chose de « suspect », un signalement sera directement envoyé à la police.

Individuellement, 2 solutions s’offrent à nous : ne plus avoir de téléphone ou passer à GrapheneOS. Graphene c’est un système d’exploitation (OS) pour les téléphones Pixel, qui a pour seul but la sécurité, et, à l’inverse des autres OS alternatifs, c’est assez facile à installer. Mais faut garder en tête que moins on fait avec un tel, mieux on se protège.

On a pas la place pour détailler, donc si tu veux plus d’infos : « GrapheneOS for Anarchists » (anglais) sur anarsec.guide (il est recommandé d’y accéder via le navigateur TOR).

Autres informations détaillées sur le sujet (fonctionnement de la téléphonie, outils policiers, pistes de réduction des risques sur les usages de téléphones en contexte militant) dans cette brochure : « Téléphonie mobile. Surveillances, répressions, réduction des risques » (2025), ou sur le blog participatif « Téléphonie mobile & activisme« .

Corvée de wassingue pour les matons

Depuis le mois de juillet, 88 détenus ont été transférés à la prison de Vendin-le-Viel (62), établissement de quartier haute sécurité. Le régime de détention y est inhumain : torture par privation de sommeil, fouille à nu plusieurs fois par jour, isolement, restrictions sur les activités, éloignement familial (transfert dans toute la fRance, Antilles comprises), parloir hygiaphone sans contact physique avec leurs visiteureuses. Pour protester, ces derniers ont inondé les coursives plusieurs soirs de suite. Certains détenus ont ensuite avalés des piles dans l’espoir d’être sorti le temps d’une opération, sans succès.

De nombreux recours ont été déposés par les prisonniers contre les conditions de détention en violation des droits humains et contre les motivations arbitraires de leur transfert. Les détenus ont entamé une grève de la faim depuis le 1er septembre.

Personne me mérite ce traitement inhumain ! Crève la taule !

10 septembre, sortez couverts

On va pas se mentir, bien que les perspectives de ce mois de septembre nous mettent en joie, on peut s’attendre à une forte répression par l’État dès le 10.

On connaît déjà l’arsenal habituel : les lacrymos, les grenades, les LBD, les canons à eau. On serra aussi filmé·es de partout, déjà grâce à toute les caméras flambant neuves de la MEL mais aussi avec des drones, et puis toute celles et ceux qui pensent que filmer en manif nous aide (alors que ça permet surtout aux flics de nous identifier plus facilement a posteriori).

Pour te protéger toi et tes proches au maximum laisse ton téléphone à la maison, met des vêtements amples et noirs, couvre tes signes distinctifs (tatouages, coupe de cheveux, piercings…), évite le maquillage (avec les lacrymo ça douille) et n’hésite pas à mettre des grosses lunettes de soleil, même par temps de pluie.

Viens avec des potes, c’est important d’avoir des proches qui peuvent appeler au soutien si tu te fais arrêter. Si les flics te causent, que ce soit dans la rue ou au comico tu n’as rien à dire : garde le silence ou répond « rien à déclarer« . En cas de contrôle d’identité, les 5 seules choses qu’on doit dire légalement c’est nom, prénom, date de naissance, lieu de naissance et adresse. Rien de plus ! C’est plus facile à dire qu’à faire parce que c’est leur taf de te manipuler, mais c’est pas eux que tu dois convaincre ! La moindre info, même anodine, peut te retomber dessus ou sur des potes, garde ta défense pour les juges.

Et si tu subis une répression judiciaire ne reste pas seul·e : à Lille on a le CLAJ (Collectif Lillois d’Autodéfense Juridique) qui peut t’aider.

Pour aller plus loin sur le 10 septembre : « En cas de soulèvement :
infos pratiques pour les actions, grèves, manifs…, pour résister à la répression…
 » sur ricochets.cc (conseillé d’y accéder via TOR)
⌕ Pour plus de conseils pratiques : notrace.how (via TOR aussi)
⌕ Texte critique sur la photographie : « Dialogue imaginaire avec un-e défenseur-euse de l’image photographique d’individus. » (2017)

Poésie : Sommet du trou de balle (Feat. The Boss)

Version revisitée du Sonnet du trou du cul de Verlaine et Rimbaud (1871).

Obscur et froncé comme un contrôle abusif
Il respire, humblement bernard tapi parmi le marketing
Humide encor d’amour qui suit la fuite des leasings
Des Fesses blanches du manager au cœur de son exécutif.

Des filaments pareils à des larmes en feedback
Ont pleuré, sous la stratégie cruelle qui les repousse,
À travers de petits caillots du mickey maousse
Pour s’aller perdre sur le CAC40 et checker l’impact.

Mon Rêve s’aboucha souvent à sa deadline ;
Mon âme, du coït overbooké dans le cracking,
En fit son larmier corporate et son nid de faux-culs.

C’est l’olive débriefée, et le rapport du G20,
C’est le tube où descend la praline du souverain
Chanaan féminin dans les moiteurs total focus !

Poésie : Apaisement mon cul


avançons, droit devant, comme sur des tourelles, des contreforts mobiles, des châteaux qui avancent, de ville en ville, enrôlons dans les villages, les villes, allons-y en insulte, en violence, bousillons, cognons, créons comme des sillons, faits par des tornades de gens violents, malotrus, méchants, soyons des brutes, cognons à tout va, brutalisons les classes intermédiaires, violentons les journalistes, attaquons-nous aux riches, mais aussi à tous les récalcitrants, celles et ceux qui veulent la paix, qui veulent transformer le monde petit a petit, leur monde est mort, le nôtre avec, avançons comme des engins indestructibles à la face de puissants, attaquons l’État, détruisons-le, bouillons la gueule aux puissants, faisons des groupes de destruction, d’insultes, produisons de la violence, avançons contre tout ce qui se présente à nous avec sa mollesse, il ne nous faut pas de mous, non, ne nous allions pas avec les mous, bouillons les mous, tapons le plus possible, insultons, soyons pris pour des affreux, fabriquons des tours mobiles, comme des châteaux forts, mais ambulants, sillonnons la campagne, foutons la zone partout, des zones mobiles maintenant, qui avancent vers les têtes couronnées de la démocratie, vers les cadors de l’État, bousillons leur la gueule, il faudra les détruire, c’est ce qu’ils font eux, ils nous insultent, nous brisent, ils n’y vont pas par quatre chemins, et des que nous bougeons ils nous traitent d’anti-democrates, pétons la démocratie, foutons-là à plat, au niveau zéro, terminé, la démocratie mais sans hauteurs, brûlons les étages supérieurs, virons les dominants, soyons très méchants, violents, attaquons de partout et avançons, mettons tout à sac, qu’il n’y ait plus rien qui tienne debout, caillassons tout, tous les supermarchés doivent brûler, tous les centres de pouvoir, toute la richesse de puissants doit partir en fumée, toutes les télés exploseront, les centres d’informations, les galerie marchandes, chaque centre-ville doit brûler, les mairies attaquées, rien ne doit rester après notre passage, pas de molesse nulle part, il faut mettre à terre la machine de soumission, cassons tous les outils de travail, de production, attaquons les grands centres de distribution, attaquons toutes les institutions, bousillons tout, frappons les esprits, soyons pour eux des gens ineptes, des cons irrécupérables, des analphabètes, soyons prêts à leur arracher la tête, tapons dans le lard de ces maîtres, il faut les faire fuir, ou les faire frire, nous sommes irréductibles, nous voulons tout remettre à zéro, mettons tout en pièces, soyons pour eux les stupides, ceux qui comprennent rien, ça suffit l’éducation, soyons les plus mals éduqués, détruisons tout comme des hordes de sauvages, des brutes, des barbares,

[Apaisement mon cul]

image publiée dans le n°16 d’Anarchie Locale

Ensemble, tout devient possible

Pour cet été 2025, on se ménage et on sort un numéro estival pour juillet-août ! (La bonne excuse pour sortir le numéro en retard)

Avant d’amorcer la rentrée de septembre, on voulait rappeler que ce journal mensuel fonctionne à la fois avec un groupe de personnes régulières et avec ses contributions reçues par mail (qu’on retouche légèrement, principalement pour que ça rentre). C’est particulièrement le cas de ce numéro, qui a reçu 4 textes ! Big up aux contributeur·rices !! <3

Si pour la rentrée vous avez envie de rejoindre l’équipe, il suffit de nous contacter par mail. Pas besoin d’être à l’aise avec le format, on était plusieurs à jamais avoir écrit de textes avant ça.

Et si vous avez ponctuellement envie de passez des infos, des textes, des dessins, des recommandations de lecture, de coup de gueule… ben ça se passe aussi par mail (mais pas plus de 2000 caractères svp).

Bon été, et RDV en septembre !

From here I can see a borderless world (Depuis ici, je peux voir un monde sans frontières).