On aurait aimé se réjouir d’apprendre que les grilles de la préfecture de Lille sont toujours à portée de banderole, lundi 18 novembre au petit matin, en y lisant cette revendication qui fait, semble-t-il, consensus : « Non au Mercosur ». Mais c’est bien sous le regard bienveillant et protecteur de la police elle-même que la bâche noire revendicative a été accrochée par les syndicats agricoles majoritaires, FDSEA 59-62 et Jeunes Agriculteurs.
L’autre faux-semblant qui ternit ces réjouissances, c’est que l’opposition au traité de libre-échange entre l’UE et le Mercosur (Brésil, Paraguay et autres…) n’a rien d’une revendication sociale ou écologique, et encore moins anticapitaliste. Si des syndicats comme la Coordination Rurale (d’extrême droite) s’opposent à ce traité, ce n’est en rien pour lutter contre les émissions de CO2, la déforestation ou l’utilisation de pesticides, encore moins contre l’agro-business qui détruit la paysannerie partout sur Terre, mais pour préserver, voire conquérir des parts de marché au détriment des écosystèmes et des peuples. Ces chefs d’entreprises agricoles ne sont pas à une contradiction près : ils demandent également une protection accrue contre les aléas climatiques tout en revendiquant en même temps de continuer à participer activement à les créer (sécheresses, inondations…).
Si nous aussi on souhaite la hausse des revenus agricoles, et qu’on trouve que l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution c’est pourri, on n’est pas dupes et on ne soutiendra jamais la FNSEA et ses sous-branches.