« RHaine », c’est pas qu’un slogan

Ce début d’année 2025 a été tristement marqué par plusieurs agressions et meurtres racistes et islamophobes. Samedi 3 juin, dans le Var, un type a tué une personne et tiré sur deux autres, pour des raisons clairement racistes qu’il a ensuite fièrement étalé en ligne, citant Bardella et Le Pen, avant de se faire arrêter. Les crimes racistes ne sont pas nouveaux, et sont souvent perpétrés par les flics. Mais enjaillés par les discours des politicien·nes, journalistes et autres stars de réseaux sociaux qui crachent quotidiennement leur haine, de plus en plus de racistes passent à l’action…

Comme le dit Angela Davis, dans un tel contexte, être non-raciste ne suffit pas : soyons antiracistes !

Numéro 15 – Juin 2025

Au programme de ce numéro : on félicite les copaines, on parle de jolis murs (avec illustrations), on parle de la pride de roubaix, on vous fait quelques reco et on crache sur les fabricants de frites.

A diffuser sans restriction.
Bisous, on se retrouvre en juillet (ou dans notre boite mail si vous avez envie d’envoyer des textes ou des retours)

Nous ne sommes pas les bon-nes antiracistes

Dans le n° de mars, l’article  « Pour un antiracisme antiautoritaire » nous instrumentalise, avec un paternalisme bienveillant et  des sources mega douteuses (sionistes), pour critiquer d’autres groupes antiracistes.

On ne cherche pas votre validation. On est pas un outil pour vos débats.

Plutôt que de décider entre vous qui sont les bons et les mauvais racisés, vous voulez pas vous occuper des racelards qui traînent encore dans les milieux militants ? Les collectifs, les AG, les conv signal cultivent encore du racisme, de la transphobie, de la misogynie, du sanisme et du validisme. Attaque-toi aux groupes minorisés : un pavé dans ta gueule.

Nik tes privilèges. Nik les bonnes intentions. Et nik le Lyautey. Tout crâmer.

Nous c’est PiPaZ, un groupe en mixité choisie racisé-es. On entend par là toutes les personnes  susceptibles d’être assignées à un groupe minorisé et d’être victimes de discriminations racistes, y compris antisémites et islamophobes. On agit par et pour les personnes concernées par le racisme.

Si tu veux t’organiser : prochaine AG le 26/05 à 19h (CCL2).
Tu peux nous écrire sur pipaz[arobaz]distruzione.org



Ce texte nous a été envoyé par mail. Nous comprenons la critique qu’il apporte et nous l’avons donc publié sans modification. Nous ne sommes cependant pas d’accord avec certains points, en particulier l’usage du terme « sionistes » qui est à la fois une qualification lourde de sens et un terme dangereux dans certains contextes (notamment car il permet la perméabilité avec les sphères complotistes). Nous souhaitons cependant que ce texte serve de discussion entre les différents collectifs et ne voulons pas faire de réponses interposées.

Titres de séjour : la préfecture dysfonctionne sévère

Pour vivre « en règle » en France, une personne éxilée doit avoir un titre de séjour : étudiante, travailleuse, réfugiée politique… La démarche pour l’obtenir c’est un casse-tête administratif, mais ça, c’est sans compter les délais !

Depuis 2020, c’est le bordel à la Préfecture du Nord. Un nombre incalculable de gens témoignent de délais super longs dans le traitement de leurs dossiers pour obtenir un titre de séjour, même pour de simples renouvellements. Entre temps, en théorie, tu reçois un récépissé : un papier qui dit que ta demande est en cours de traitement et que t’as le droit d’être là et valable entre 1 à 3 mois selon le bon vouloir de l’agent·e qui gère le dossier. Sauf que, cette année, même les récépissés ne sont pas délivrés à temps !

La conséquence pour pleins de gens qui sont parfois en France depuis 2, 7, 15 ans, c’est qu’ils finissent sans-papiers. Et ne pas avoir de papiers, c’est « être illégal » si on écoute ces bâtards de Darmanin, Retailleau, Bardella, et compagnie. Ça mérite bien une OQTF ? Du coup : tu ne peux plus taffer (la Préf’ va jusqu’à appeler les patrons pour leur dire que leur employé n’est plus en règle), t’as plus le droit au chômage, tes aides sociales peuvent être bloquées…

On a trouvé la raison de ces retards : selon nos sources, toutes les personnes qui bossaient sur les titres de séjour ont été mutées vers la section expulsion de la Préf’ du Nord (OQTF), et la seule personne qui reste… est en arrêt maladie ces temps-ci ! Une personne, pour gérer 30.000 demandes annuelles !? Attends, attends… quand on sait qu’il faut débourser de 75 à 225€ de timbre fiscaux pour faire un titre de séjour que t’es même pas sûr d’obtenir, ça fait minimum 2,25 millions d’euros qui arrivent dans les poches de l’État par an seulement pour le Nord et ils sont pas foutus d’embaucher des gens pour faire ce taf ? Par contre des flics pour te contrôler, y’en a ! Cette machinerie est orchestrée par le Ministère de l’Intérieur pour faire péter des câbles aux étranger·es et créer la situation dont l’extrême-droite rêve.

Des papiers pour toustes ou pas de papiers du tout ! Qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ?

Pour un antiracisme anti-autoritaire

Depuis 2 mois, une nouvelle assemblée antiraciste en non-mixité [personnes racisées] s’organise à Lille contre la suprématie blanche de moins en moins complexée. Ça nous fait plaisir de voir que les gens qui s’organisent sur ce terrain ne sont pas que des staliniens, qui dominent le paysage local antiraciste (sous la coupe de la Coordination Communiste).

Depuis l’avènement du Parti des Indigènes de la République en 2005 dirigé par Houria Bouteldja, les luttes décoloniales qui ont le vent en poupe sont souvent des projets autoritaires, marxistes-léninistes, qui défendent la conquête du pouvoir d’État à partir d’une approche essentialiste de la société (« Beaufs », « barbares », « Juifs ») loin d’une analyse intersectionnelle des rapports sociaux. C’est sans surprise qu’on a entendu Bouteldja, invitée à la Bourse du Travail le 15/02, approuver l’idée qu’il faut mettre « les sionistes au goulag », questionnée avec amusement par l’animateur du jour. Et, bien sûr, votez Mélenchon ! Leur stratégie provocatrice ne nous amuse pas trop, nous. Mais d’autres antiracismes sont possibles !

Pour plus d’infos sur ces questions :
Bouteldja, ses « soeurs » et nous, Mélusine, 2016.
Bouteldja « une soeur » qui vous veut du bien, Lala Mliha, 2017.
Combien de fois faudra-t-il répéter que Houria Bouteldja n’est pas une camarade ?, Juives et Juifs Révolutionnaires, 2023.

Précision (qui n’est pas sur la version papier) : un texte supplémentaire est en cours d’écriture pour apporter les intentions derrière ce trop court texte, et notamment rappeler qu’il ne s’agit pas de se focaliser sur une personne (en l’occurence H. Bouteldja) mais plutôt de critiquer un courant de pensée théorique et stratégique dans la lutte antiraciste et anticapitaliste : le marxisme-léninisme (a.k.a « stalinisme »).

Un hiver de plus à Calais

L’année a fini comme elle s’est commencée : dans la douleur. Pour les personnes qui tentent de traverser nos frontières, terrestres mais surtout marines, chaque année est un nouveau record de mort·e·s. La police tue, en Méditerranée ou dans la Manche voisine. En décembre, au moins 9 personnes sont mortes autour de Calais. À ça, on peut ajouter la tuerie raciste dans le dunkerquois, qui a pour bilan 5 morts dont 2 kurdes du camp de Loon-Plage.

Réponse habituelle de l’État face aux naufrages : plus de keufs, associations de bénévoles en procès, construction d’un nouveau CRA (prison pour personnes étrangères)… Y’en a marre !

Contre ça, on peut s’organiser ! Retrouvons-nous vendredi 10 janvier à partir de 18h, pour une présentation et une discussion, avant de partager un bon repas. On vous attend nombreux.ses ! À bas les CRA et les frontières !
Où : À la M.E.R., 3 rue de Croy (Calais)

Et le lendemain, grosse manif contre les lois mortelles à la frontière franco-britannique (11 janvier) – 14h. Où : 2 Digue Gaston Berthe (Calais)

Racisme : Pendant ce temps-là, en Angleterre

Des émeutes racistes ont parcouru l’Angleterre début août. Prenant pour prétexte l’horrible attaque commise par un adolescent gallois noir fin juillet, qui a entraîné la mort d’au moins 3 enfants et presque une dizaine de blessés, l’extrême droite s’empare de l’évènement. Les fausses informations se diffusent en masse sur les réseaux sociaux, désignant l’assaillant comme un immigré musulman qui aurait traversé la Manche, matérialisation fictive de leur « grand remplacement » propagée par les médias. Puis ça déborde : dès le lendemain de l’évènement, des protestations réunissent des centaines, puis des milliers de personnes en colère contre l’Étranger mystifié. Pas surprenant que ça prenne facilement, le groupe des réactionnaires (Tory) y travaille depuis des années, notamment en promouvant la mise en place de la « remigration », rêve de Zemmour à l’anglaise. La police a été très vite dépassée.

A visage découvert, l’extrême droite nous a encore montré sa violence raciste. On s’attaque à des mosquées, aux migrant·e·s, à des centres d’accueil, à toute enseigne tenue par des personnes supposées immigrées. Si les décisions de justice qui tombent aujourd’hui sont relativement sévères, les réseaux de la haine n’en sont pour autant pas affaiblis. L’extrême droite française, elle, rêve de voir cette situation se reproduire ici, et y travaille en récupérant les morts de Thomas ou de Lola, et en instrumentalisant régulièrement des faits divers.

Dans la foulée de cette démonstration de force, une quinzaine de fascistes anglais annoncent sur les réseaux sociaux qu’ils vont venir patrouiller sur le littoral nord-français pour “stopper les bateaux” des migrant·e·s à partir du 11 août. Très vite, des appels à la vigilance et à actions pour stopper les fachos circulent. Leurs menaces se sont révélées sans suites, mais le risque d’attaques racistes est toujours présent pour celles et ceux qui tentent de passer. Il est inquiétant de voir leurs messages se diffuser aussi largement sur les réseaux sociaux et dans tous les médias.

 

 

 

texte publié dans Anarchie Locale n°6

Les frontières tuent toujours

En plus d’empêcher les personnes de circuler et de les maintenir dans des conditions de vies inhumaines, la frontière anglaise est le théâtre régulier de naufrages meurtriers. Le dernier en date a eu lieu le 4 septembre 2024. Au moins douze personnes sont mortes. Les médias nous présentent les passeurs comme seul coupable, en oubliant que si les personnes prennent des risques importants pour quitter la fRance, c’est surtout à cause de la traque mise en place par l’Etat pour chasser les exilé·e·s et leur rendre la vie impossible. Et vu les « solutions » proposées par l’Etat suite à chaque naufrage, encore plus de contrôles, de flics et de centres de rétention, ce n’est pas prêt de s’arrêter…

Soutien aux exilé·e·s et à toutes les personnes qui luttent contre les frontières !

 

 

 

texte publié dans Anarchie Locale n°6

Pendant ce temps-là, à Saint-Omer…

A l’instar des fausses infos qui ont tourné chez les anglais, on retrouve le même genre d’histoires près de chez nous. Dans la nuit du 1er au 2 septembre 2024, l’église de l’Immaculée Conception de Saint-Omer (62) a brûlé, finissant partiellement détruite. L’enquête de la police mène à un incendie volontaire. Sur les réseaux sociaux se répand le nom de Mehdi Benbouzid, dont la consonance arabe le désigne comme coupable et agite les internautes d’extrême droite. En réalité, le principal suspect est Joël Vigoureux, il se décrit comme victime d’inceste et trouve que l’Église est un ramassis de pointeurs. Les médias, peu précis, ont dit qu’il a avoué les faits et qu’il n’en serait pas à son coup d’essai. Quant à Mehdi Benbouzid, il s’agit du procureur de Saint-Omer, en charge de l’affaire.

 

 

 

texte publié dans Anarchie Locale n°6

Justice pour les Rroms, Crisan est mort dans la Deûle !

Crisan, 45 ans, habitant d’un camp de Rroms près de la Deûle à côté de l’écluse du Grand Carré, a été retrouvé mort noyé le dimanche 12 mai. Selon un témoignage, il avait « l’habitude de plonger (dans la Deûle) pour s’y laver, faute d’accès à l’eau sur le terrain ». Son décès nous rappelle la précarité des Rroms et autres voyageurs, entretenue par les pouvoirs publics qui entravent toutes tentatives d’autonomisation. Les expulsions violentes, l’absence de solutions de relogement ni de places dans les aires d’accueil, la Métropole qui ne respecte pas ses obligations…

Pensée à la famille de Crisan et à tou·tes les autres !

 

 

 

texte publié dans Anarchie Locale n°4