Droit de grève

Car la grève reste un bon moyen d’action dans le rapport de force avec les dirigeants, et même si c’est un droit qui ne devrait pas connaître de restrictions, il est bon d’en connaître le cadre légal pour se protéger de la répression. Voici donc un petit récap.

DANS LE PRIVÉ, si (comme pour le 10 septembre) il y a un appel syndical national, local ou interpro, aucune formalité n’est nécessaire pour faire grève. Il n’y a aucune obligation d’avertir le patron avant, tu peux te déclarer gréviste une fois de retour au travail.

Autrement, si un syndicat appelle à la grève uniquement dans ton entreprise : pas de formalité non plus, mais il faut être au moins deux grévistes (sauf si tu es le/la seul·e salarié·e).

Si il n’y a aucun appel syndical, que ce soit national ou local, les grévistes doivent faire un courrier signé à la direction avec la liste des revendications.

DANS LE PUBLIC (et le privé exerçant une activité de service public), la grève doit être couverte par un préavis posé au moins 5 jours avant par un syndicat représentatif. De plus dans les structures soumises au service minimum (hôpital, transport public, écoles…) tu dois te déclarer gréviste au moins 48h à l’avance en remplissant un formulaire.

La grève doit porter sur des revendications professionnelles (salaires, horaires, conditions de travail, etc.). Pour une grève plus politique (retrait de réforme, démission…), il faudra donc se protéger derrière une revendication professionnelle.

Plus d’infos : « Comment faire grève si je suis isolé·e« , sur paris-luttes.info (2023) ou « 5 décembre : comment faire grève ? » sur Contre Attaque (2019)

Se renseigner autrement, se rencontrer autrement

L’État nous manipule, les médias nous mentent. Vite dit, mais qu’est-ce qui est réel dans cette critique à l’emporte-pièce ? L’État n’est pas un monstre qui pense de manière cohérente, il a ses failles et ses contradictions. Il incarne à peu près ce que ses organes de pouvoir veulent. Si pour fonctionner, il a besoin de gens dociles, au boulot, qui ne crient pas, il matera autant qu’il le peut celleux qui vont dans le sens contraire. Les médias, selon qui les possède et ce qu’ils veulent, produisent des idées plus ou moins alignées avec celles des gouvernants et mentent principalement en cadrant énormément les sujets qu’ils traitent. L’idée anarchiste, c’est d’augmenter son autonomie à l’égard des structures de pouvoir.

Ainsi, tu trouveras des idées alternatives sur des sites comme infokiosques.net, ou des informations issues des gens directement sur des sites participatifs (lille.indymedia.org, paris-luttes.info, ricochets.cc…). Il existe aussi des médias alternatifs où les journalistes sont bénévoles (ou militants) : Contre Attaque, Rapports de forceSur Lille, tu peux retrouver une liste dans Anarchie Locale. De notre côté, on n’a pas la prétention d’être de la grande presse mais on tente de faire circuler les infos qu’on voit et qu’on veut partager, c’est notre moyen de nous réapproprier l’information.

Pour s’ouvrir à des idées alternatives, il y a aussi des lieux à Lille, où tu peux trouver des gens, des organisations, ou des informations sans ordres ni pubs : le Centre Culturel Libertaire (4 rue de Colmar), la CNT (32 rue d’Arras), l’Anamorphose (48 rue du Long Pot), le Centre LGBTQIF « J’en suis j’y reste » (19 rue de Condé)…

Ouvrons l’œil et retrouvons-nous !
Vive l’autonomie, vive l’anarchie.

Louise Michel, militante anarchiste, fin du 19e siècle

« Sponti » : tout casser en scred plutôt que tout tenter en manif

Depuis quelques années et à mesure que l’état policier s’étend, on constate qu’il est de plus en plus difficile de tenter d’aller attaquer les enseignes capitalistes. Les derniers exemples marquants sont les révoltes pour Nahel ou les Gilets Jaunes. Mais d’un côté l’État adapte ses moyens de répres-sion, grassement financés par les riches ou les taxes (embauche de flics, achat d’armes de guerre utilisées contre les manifestant·es, installation de caméras…) et réprime de manière arbitraire (600 incarcérations sur 1000 condamnations pour l’été 2023, et 400 sur 3100 condamnations pour les GJ). D’un autre, il est plutôt rare qu’on atteigne ce niveau de conflictualité permettant de faire perdre les pédales aux forces de l’ordre et donnant cette opportunité. Faut-il baisser les bras pour autant ?

En Allemagne, les militants anticapitalistes s’organisent pour sortir la nuit sans préavis, faire du bruit, manifester ou démolir les enseignes d’une rue (et pourquoi pas piller quelques magasins). Ils appellent ça les « Spontis », contraction du mot « spontané ». L’idée est simple : on se donne de la manière la plus discrète possible un rendez-vous en ville à 20-40 personnes loin des yeux des caméras et de nos téléphones, on s’habille de manière anonyme (noir, masque covid, gants…), on prend du matos (pavés, peinture, affiches…) et on se donne une heure de début et de fin, 10 minutes maximum. À la fin, on se taille fissa, en ordre dispersé. Le lendemain, les habitant·es découvrent le résultat, effaré·es ou réjoui·es. Et ça donne du boulot aux vitriers, aux peintres et aux menuisiers. Si on en fait assez, peut-être qu’on peut relancer l’économie ?

10 septembre, sortez couverts

On va pas se mentir, bien que les perspectives de ce mois de septembre nous mettent en joie, on peut s’attendre à une forte répression par l’État dès le 10.

On connaît déjà l’arsenal habituel : les lacrymos, les grenades, les LBD, les canons à eau. On serra aussi filmé·es de partout, déjà grâce à toute les caméras flambant neuves de la MEL mais aussi avec des drones, et puis toute celles et ceux qui pensent que filmer en manif nous aide (alors que ça permet surtout aux flics de nous identifier plus facilement a posteriori).

Pour te protéger toi et tes proches au maximum laisse ton téléphone à la maison, met des vêtements amples et noirs, couvre tes signes distinctifs (tatouages, coupe de cheveux, piercings…), évite le maquillage (avec les lacrymo ça douille) et n’hésite pas à mettre des grosses lunettes de soleil, même par temps de pluie.

Viens avec des potes, c’est important d’avoir des proches qui peuvent appeler au soutien si tu te fais arrêter. Si les flics te causent, que ce soit dans la rue ou au comico tu n’as rien à dire : garde le silence ou répond « rien à déclarer« . En cas de contrôle d’identité, les 5 seules choses qu’on doit dire légalement c’est nom, prénom, date de naissance, lieu de naissance et adresse. Rien de plus ! C’est plus facile à dire qu’à faire parce que c’est leur taf de te manipuler, mais c’est pas eux que tu dois convaincre ! La moindre info, même anodine, peut te retomber dessus ou sur des potes, garde ta défense pour les juges.

Et si tu subis une répression judiciaire ne reste pas seul·e : à Lille on a le CLAJ (Collectif Lillois d’Autodéfense Juridique) qui peut t’aider.

Pour aller plus loin sur le 10 septembre : « En cas de soulèvement :
infos pratiques pour les actions, grèves, manifs…, pour résister à la répression…
 » sur ricochets.cc (conseillé d’y accéder via TOR)
⌕ Pour plus de conseils pratiques : notrace.how (via TOR aussi)
⌕ Texte critique sur la photographie : « Dialogue imaginaire avec un-e défenseur-euse de l’image photographique d’individus. » (2017)