Numéro 9 – Décembre 2024

Pour noël on vous a préparées un numéro spécial avec une affiche à l’interieur !

C’est pas facile de reproduire le papelard en version numérique, donc ici on vous sépare le journal (en pdf) et l’affiche (ci-dessous), si jamais vous avez envie de les imprimer de votre côté.

En 2e bonus on a aussi préparer 2 petit tutos, ça rentrait pas donc on les a mis en rab : pdf

Bonne lecture, et au moi prochain !

Comment envoyer un communiqué anonyme sans se faire prendre

Brochure/article disponible sur infokiosques.net

Un communiqué de revendication est un message à propos d’actions directes (généralement) illégales, partagé via des sites web de contre-information ou des publications imprimées. Les médias mainstream peuvent censurer certaines tactiques ou les raisons derrière le choix d’une cible peuvent ne pas être claires : envoyer un communiqué est un moyen de directement partager des informations, tactiques, et motivations politiques.

Ce guide explique comment envoyer un communiqué anonyme en ligne en toute sécurité. Il est destiné aux anarchistes, mais pourrait aussi bénéficier d’autres publics comme les journalistes ou les groupes dissidents qui partagent des informations tout en gardant leurs identités secrètes. Bien que certains communiqués soient signés par les groupes ou individus qui les publient, ce guide se concentre sur les communiqués anonymes.

Rien de ce qu’on fait sur les ordinateurs ou Internet n’est jamais entièrement sécurisé, mais on peut réduire la plupart des risques liés à la technologie en appliquant quelques principes simples. Il existe de nombreuses méthodes au-delà de celles que nous partageons ici, mais on espère que les instructions qui suivent vous seront utiles.

Le retour d’Égalité et Réconciliation dans la région

Le vent apporte des sales odeurs brunes de toutes parts ces derniers temps. Et même certaines qu’on aurait espéré oublier. Quelques stickers « Égalité et Réconciliation » annoncent la couleur début d’été 2024 en apparaissant à Lille, alertant les yeux aguerris. En septembre, un groupe Telegram tagué « Nord » et des collages actent la chose : les soraliens sont de retour.

Les disciples d’Alain Soral amènent avec eux leur confusionnisme, mêlant Marx et Maurras sans problème, dans un national-socialisme censé regrouper les extrêmes. Mais leur amour de Soral et du vieux monde, leur haine des LGBTQ+ et des femmes ne laisse que peu de doute. Mais si on cherche un domaine dans lequel ils excellent, c’est certainement l’antisémitisme ! Entre l’amour de Céline (pas Dion) et les déclarations de leur prophète, les fidèles soralistes ont leur idée du complot. Ils soutiennent la Palestine, sans analyse autre qu’une pure haine des juifs, offrant ainsi une belle excuse à ceux qui s’appliquent à condamner les positions anti-sionistes sous couvert de lutte contre l’antisémitisme… Ils ont d’ailleurs organisé ce 9 novembre 2024 une conférence de Youssef Hindi sur la « Constante de la politique sioniste en Palestine depuis un siècle ».

Ils étaient beaucoup-là pendant les GJ (« gilets jaunes – canal historique » avec une croix de Jésus). Ils jouent sur tous les axes de complotismes et ont un recrutement efficace. On s’inquiète de les savoir si fort à Amiens, et de les voir réapparaître publiquement à Lille.

Conseil de lecture : « Vous avez dit Soral ? » sur infokiosques.net

L’Alma : quartier quadrillé

Du côté de l’Alma (Roubaix), ça fait plus de 3 ans que les habitant·e·s se mobilisent contre la destruction de leur quartier. Le but de Delbar (le maire de droite) est clairement de virer les pauvres et d’installer des bourges à la place.

Pour accélérer le déplacement des gens qui y vivent, une stratégie d’asphyxie du quartier a été appliquée : d’un côté la mairie refuse de donner le moindre espace pour proposer des activités et de l’autre la police harcèle les habitant·es lorsqu’iels sont dehors. La gestion est devenue militaire le 7 novembre quand environ 50 camions de CRS ont été déployés accompagnés de keufs sur les toits. Des barricades anti-émeutes avec contrôle systématique des riverain·es. C’est donc devenu impossible pour les habitant·es de circuler librement ou de tout simplement inviter du monde chez soi, le quartier devenant presque une prison à ciel ouvert

La lutte de l’Alma est vivace, avec des moyens légalistes ou non. En se baladant près des chantiers, on peut quand même voir que des engins de chantiers ont spontanément pris feu. Comme pour chaque projet d’urbanisme fortement contesté, la stratégie des pouvoirs publics est de faire taire cette lutte, alors que notre solidarité soit bruyante !

Flagrant délit de fichage pendant un rassemblement commémoratif

20 novembre 2024, c’est le Transgender Day of Remembrance (TDOR), la journée de mémoire trans. À Lille, comme chaque année depuis au moins 5 ans, un rassemblement a lieu. En plus des témoignages poignants et des larmes qui s’y invitent nécessairement, 2 drôles d’individus se tiennent aux abords et filment les interventions mais aussi les personnes rassemblées. Quelqu’un·e va les voir et leur demande de ne pas filmer. Ils disent qu’ils s’en foutent, « qu’ils sont de la police », et se barrent de là, fiers d’avoir pu profiter de ce rassemblement pour ficher des militant·es trans lillois·es. On n’est pas surpris·es vu la surveillance des assemblées de luttes trans au CCL en mai 2024. La loi immigration de l’année dernière, qui vise principalement les personnes immigrées, a amené la création d’un nouveau fichier pour les personnes qui changent d’état civil… c’est une manière de plus de rendre indélébiles les deadnames, assignés à la naissance.

L’État déteste les personnes trans, nous détestons l’État. ACAB.

Ras la mine

Extracti-quoi !? Dans le NP2C, on pourrait penser qu’on est bien loin des luttes contre l’extractivisme parce que les dernières mines ont fermé il y a 34 ans. Mais c’est bien dans le Nord que pullulent la majorité des nouveaux projets français d’usines de batteries électriques et de voitures associées qui utiliseront le précieux lithium… pillé en Argentine mais bientôt extrait dans le département de l’Allier. L’histoire ouvrière ch’ti saura rappeler pourquoi aucune mine ne doit rouvrir, ni ailleurs, ni ici, pour alimenter cette industrie de mort. C’est dans ce contexte que vient de se créer une nouvelle ressource : raslamine.noblogs.org.

Ce site souhaite être un outil pour celles et ceux qui luttent contre les projets miniers. Pour faire connaître, partager des informations sur les projets en cours et les luttes qui s’y opposent, les victoires, les échecs et difficultés rencontrées. La répression qui peut s’abattre sur celleux qui luttent, mais aussi des retours d’expériences réussies ou non, sont toujours intéressantes. Alors n’hésitez pas à envoyer informations, analyses (lien entre extractivisme et voiture électrique, avec l’industrie de la guerre…), actualités sur l’avancée des projets (autorisation de travaux, réunions publiques, nom des entreprises en lien avec le projet…), communiqués, dates d’événements, rencontres

Contact : raslamine@riseup.net

Ça s’est passé un mois de décembre

2007 : À Lille 3, 1201 votes « pour le blocage comme moyen d’action contre la loi LRU » (608 contre). Le 13 décembre les CRS profitent d’une manif en centre-ville pour débloquer la fac, occupée depuis une dizaine de jours. Pas refroidi·es, les étudiant·es reviennent les jours suivants pour réoccuper !

2011 : Décoration de la façade de l’école de la Protection Judiciaire de la Jeunesse à Roubaix dans la nuit du 13 décembre : « Educ = Flic », « Liberté pour les emmuréEs », « Feu aux taules ».

2015 : Caillassage et peinturage des locaux d’EDF Lille et de BNP à la Madeleine dans la nuit du 16 décembre, avec un tag « ni nucléaire, ni CO2 ! » ou « collabo du désastre écologique », par le « Comité Jackson Pollock »

2015 : Rassemblement devant la mairie de Wazemmes le 20 décembre contre la répression des squats. Un chouette communiqué (à lire sur Indymedia) indique la fin du Donjon, maison squattée depuis 5 ans au croisement de la rue Van Dyck et de la rue Lafarge – maintenant c’est une résidence dégueulasse.

2017 : Révoltes, tags et incendies de bagnoles suite à l’accident de Selom, Matisse, Aurélien et Achraf sur des voies de train près de Caulier lors d’une poursuite policière le 15 décembre. Selom et Matisse sont percutés et meurent les jours suivants à l’hôpital, alors que le quartier de Fives s’embrase. Classé sans suites quelques années plus tard. Ni oubli, ni pardon, on sait pourquoi Selom et Matisse couraient !

2018 : Acte IV des Gilets Jaunes à Lille, ça commence à chauffer localement le 8 décembre. Et une première arrestation massive a lieu rue du Réduit, derrière la mairie. Les flics arrêtent 30 personnes, à plat ventre, les mains sur la tête. La GAV est plutôt joyeuse et tout le monde sort sans encombres.

2018 : Caillassage antispéciste de la vitrine de la boucherie Veys à La Madeleine avec un tag « Assassin » dans la nuit du 27 au 28 décembre.

2019 : Manifestations sauvages de lycéen·nes contre la réforme du bac. 13 lycées sont mobilisés sur la métropole. Barricades enflammées à Gaston Berger, tirs de feux d’artifice sur les condés à Valentine Labbé, caméras municipales cassées à Jean Perrin.

2021 : Sabotage de serrure et tags contre l’ANAA (agence d’architectes qui construisent des CRA) : « L’État assassine dans les CRA / ANAA complice » dans la nuit du solstice d’hiver.

2022 : 3e semaine de grève au magasin Action de Tourcoing, contre des licenciements abusifs.

Le département à l’assaut du RSA

Un rapport du Secours Catholique indique que le non-recours aux droits (RSA, APL, AAH…) explose à Lille et ses environs. 40 % des gens qui vont au « secours cat’ » ont droit au RSA mais ne le demandent même pas. On a trouvé la raison : la politique sanglante menée par le département avec Christian Poiret, LR, à sa tête.

Déjà, pour espérer toucher 500 balles, on doit se conformer à pleins d’obligations alors que la CAF, elle, ne prend pas en compte les « priorités sociales » (santé, logement…). Mais plus récemment, ils font planer la peur de perdre jusqu’à 80% des aides avec des mesures de plus en plus strictes. Et pour couronner le tout, on entend à longueur de médias que toucher le RSA serait une honte réservée aux fainéant·es… forcément, ça n’aide pas.

Et Poiret joue les premiers de la classe auprès du gouvernement de droite extrême pour obtenir le droit d’« expérimenter » de nouvelles formes de répression des allocataires dans le Nord avant qu’elles ne soient généralisées partout en France. Il demande à avoir totalement la main sur les règles pour les rendre encore plus contraignantes. Il va mal finir, celui-ci !

Nos Agriculteurs Adorés

On aurait aimé se réjouir d’apprendre que les grilles de la préfecture de Lille sont toujours à portée de banderole, lundi 18 novembre au petit matin, en y lisant cette revendication qui fait, semble-t-il, consensus : « Non au Mercosur ». Mais c’est bien sous le regard bienveillant et protecteur de la police elle-même que la bâche noire revendicative a été accrochée par les syndicats agricoles majoritaires, FDSEA 59-62 et Jeunes Agriculteurs.

L’autre faux-semblant qui ternit ces réjouissances, c’est que l’opposition au traité de libre-échange entre l’UE et le Mercosur (Brésil, Paraguay et autres…) n’a rien d’une revendication sociale ou écologique, et encore moins anticapitaliste. Si des syndicats comme la Coordination Rurale (d’extrême droite) s’opposent à ce traité, ce n’est en rien pour lutter contre les émissions de CO2, la déforestation ou l’utilisation de pesticides, encore moins contre l’agro-business qui détruit la paysannerie partout sur Terre, mais pour préserver, voire conquérir des parts de marché au détriment des écosystèmes et des peuples. Ces chefs d’entreprises agricoles ne sont pas à une contradiction près : ils demandent également une protection accrue contre les aléas climatiques tout en revendiquant en même temps de continuer à participer activement à les créer (sécheresses, inondations…).

Si nous aussi on souhaite la hausse des revenus agricoles, et qu’on trouve que l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution c’est pourri, on n’est pas dupes et on ne soutiendra jamais la FNSEA et ses sous-branches.