Moulins : Gratuité et solidarité antifasciste

Samedi 21 septembre, avec quelques copaines de Moulins, on a organisé une donnerie pour la 3e fois : c’est une braderie où tout est gratuit. Tu amènes des trucs si tu as des choses a donner, tu repars avec des trucs si ça te fait plaisir. L’idée c’est de partager un moment sympa dans l’espace public sans demander la permission et de construire des solidarités avec les voisin·e·s du quartier.

On a fait ça place du Carnaval, de 16h a 19h et on a kiffé discuter avec les uns les unes les autres. Par exemple on a rencontré Fatima, « la Doyenne » de Moulins : elle est arrivée en 1987 dans le premier immeuble autour de la place aux crayons qui était alors une friche collée à une ancienne usine de café. Elle a ramené plein de thé à partager. D’autres voisin·e·s qu’on a croisé sont déter à organiser la prochaine avec nous.

Le matin-même on a distribué 400 tracts qui disaient qu’on organisait ça « parce qu’on habite le quartier et qu’on pense que ni Macron ni Bardella s’amélioreront la situation ! On est féministes, antiracistes et on pense que la solidarité est notre arme ! » Au monsieur qui fumait sa clope devant un salon de thé et qui nous a lancé : « Vous avez raison, c’est une bien belle lettre que vous avez écrit » et à tous les autres, big up ! On se dit que ça serait stylé si ça peut inspirer d’autres personnes pour organiser ça dans leur quartier !

Pas de Retraite, pas de braderie

Le weekend du 14 et 15 septembre c’était la braderie, RDV « incontournable » où toute tentative de manifestation est vouée à l’échec. Une tentative de rassemblement féministe à République, contre la culture du viol et en soutien à Gisèle Pélicot, a d’ailleurs été interdite. Mais le samedi, en se baladant porte de Paris, on a pu entrendre des slogans datant de la mobilisation contre la réforme des retraites. En tendant l’oreille, on découvre une trentaine de militant·e·s poursuivant Violette Spillebout (ancienne emmurée vivante) et Elisabeth Borne (championne olympique du 49.3) à coup de « Elisabeth casse-toi, Lille veut pas de toi ». Le gratin politicien était évidemment escorté de flics et de gardes du corps, mais cette manif impromptue entre la porte de Paris et la mairie aura réussi à dégager ces 2 parasites de la braderie !

Frauder, c’est beau et ça se voit!

La question de la fraude est centrale pour la Métropole Européenne de Lille. Pour y répondre, Keolis s’était engagé à faire passer le taux de fraude annuel de 12 % en 2018 à 5,8 % en 2022. C’était la raison de l’installation de ces portiques de mort, terminée en 2021 et ardemment soutenue par l’immonde Darmanin lui-même. Bon au final le chiffre de fraude reste proche des 10%, un bel « échec » dont on peut se féliciter, bien fait pour eux.

En vrai, ce qui coûte, c’est pas la fraude (on ne « vole » pas une place dans un métro) mais leur obsession avec la répression : rien que l’installation des portiques a coûté 61 millions d’euros, à quoi s’ajoute la paye de ces bâtards de contrôleurs (10,1 millions en 2022).

Même leurs amendes bien trop chères ne remboursent pas ces coûts (0,8 million par an). Ce constat est loin d’amener une réflexion sur la gratuité des transports. Au contraire, c’est une excuse pour un déploiement plus intensif de surveillance. Contrôleurs, portiques, caméras, hausse des tarifs, cartes RFID… L’idéologie est claire.

Heureusement la fraude fait partie de la culture locale : du collégien à la grand-mère, tout le monde s’entraide pour ouvrir ces foutus portiques ! En attendant, on écoute la dernière musique des potes, « Wesh la Fraude », en chantonnant le refrain au bon souvenir de la Mutuelle des Fraudeurs.

Numéro 6 – Septembre 2024

Les plus assidu·e·s auront remarqué l’absence de numéro pour le mois d’août. Pas qu’il ne se passe rien à Lille à c’t’époque, mais on n’a pas eu la motivation collective pour vous servir un torchon comme il se doit. Après cet été qui sentait le souffre olympique et la brique chaude, on revient dans les rues, déters !!

Imprimez-le en masse, distribuez-le où bon vous semble (Penser à imprimer sur des feuilles A3 même si A4 est possible aussi, recto-verso en retournant sur les bords courts)

N’hésitez pas à nous envoyer vos contributions pour les numéros suivants : anarchielocale59@subvertising.org !

Numero complet d’Anarchie Locale n°6 : pdf

Le retour de l’uniforme

Ça fait presque cliché de dire que l’école est un lieu d’embrigadement de la jeunesse. On a très facilement en tête le clip de The Wall où des profs passent des gamins dans un hachoir à viande. Pourtant cette rentrée, c’est le retour de l’uniforme à l’école dans une soixantaine d’établissements scolaires de fRance. Dans le Nord, on se retrouve donc avec une dizaine d’écoles et 1 lycée pro qui forceront leurs élèves à porter un uniforme bleu marine – sans commentaire. L’argument phare, c’est que ça « éviterait les discriminations », parce qu’évidemment avoir les même fringues que les autres va magiquement supprimer l’ensemble des dominations que l’école tolère et/ou reproduit. Comme autre moyen de contrôle des enfants, certains collèges (environ 200 en fRance) vont interdire purement et simplement les téléphones. Ajouté au SNU, le désir de l’État de faire des jeunes des amoureux.euses de la patrie et des entreprises est devenu difficile à ignorer. L’école devient un espace de simulation du travail : on y enfile son uniforme et chaque minute passée y est contrôlée. C’est pas un hasard si le seul lycée qui teste l’uniforme est un lycée pro. Les récentes réformes des lycées pro visaient déjà à transformer les lycéen·nes en main d’œuvre corvéable pour les patrons. À terme, toutes les écoles, collèges et lycées – pro ou non – devraient revêtir l’uniforme. Mais peut-être que c’est ça leur but, qu’enfin le hachoir à viande ne discrimine plus.

 

 

 

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Kanaks enfermé·e·s près de chez vous

Courant mai, des révoltes ont éclaté en Kanaky (souvent appelé avec son nom colonial « Nouvelle-Calédonie ») suite à un projet visant à donner encore plus de pouvoir aux colons. Ceux-ci ont déjà un pouvoir énorme sur l’île qui vient de leur contrôle total sur le logement, les commerces, les entreprises. Comme dans les départements d’outre-mer, les blanc·he·s, notamment métropolitain·e·s, sont privilégié·e·s dans l’accès aux boulots qui donnent un niveau de vie décent. C’est donc un système de ségrégation bien huilé qui s’exerce sur la Kanaky.

En réponse à ces mouvements indépendantistes, l’état à déployé l’armée et à toléré la formation de milices coloniales, les prisons ont également étés utilisées comme un outil de contrôle : 7 militant·e·s du CCAT (Comité de Coordination des Actions de Terrain) ont été arrêté·e·s puis déporté·e·s vers la fRance métropolitaine avant d’être placées dans de multiples centres pénitentiaires. D’autres militant·e·s kanaks qui étaient porté·e·s disparu·e·s ont été retrouvé·e·s éparpillé·e·s dans des prisons aux quatres coins de l’hexagone. C’est ainsi que, dans les prisons de Lille-Annœullin et de Maubeuge, des indépendantistes sont incarcéré·e·s. Cet éclatement est évidemment une stratégie pour réduire au maximum toute forme de protestation et de solidarité, prouvons-leur qu’ils ont tort !

Pour leur apporter notre soutien, on peut leur envoyer du courrier ou donner à des cagnottes (sur helloasso). Sur Lille : vous pouvez contacter le collectif L’Arrache à l_arracheⒶriseup.net

 

 

 

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Racisme : Pendant ce temps-là, en Angleterre

Des émeutes racistes ont parcouru l’Angleterre début août. Prenant pour prétexte l’horrible attaque commise par un adolescent gallois noir fin juillet, qui a entraîné la mort d’au moins 3 enfants et presque une dizaine de blessés, l’extrême droite s’empare de l’évènement. Les fausses informations se diffusent en masse sur les réseaux sociaux, désignant l’assaillant comme un immigré musulman qui aurait traversé la Manche, matérialisation fictive de leur « grand remplacement » propagée par les médias. Puis ça déborde : dès le lendemain de l’évènement, des protestations réunissent des centaines, puis des milliers de personnes en colère contre l’Étranger mystifié. Pas surprenant que ça prenne facilement, le groupe des réactionnaires (Tory) y travaille depuis des années, notamment en promouvant la mise en place de la « remigration », rêve de Zemmour à l’anglaise. La police a été très vite dépassée.

A visage découvert, l’extrême droite nous a encore montré sa violence raciste. On s’attaque à des mosquées, aux migrant·e·s, à des centres d’accueil, à toute enseigne tenue par des personnes supposées immigrées. Si les décisions de justice qui tombent aujourd’hui sont relativement sévères, les réseaux de la haine n’en sont pour autant pas affaiblis. L’extrême droite française, elle, rêve de voir cette situation se reproduire ici, et y travaille en récupérant les morts de Thomas ou de Lola, et en instrumentalisant régulièrement des faits divers.

Dans la foulée de cette démonstration de force, une quinzaine de fascistes anglais annoncent sur les réseaux sociaux qu’ils vont venir patrouiller sur le littoral nord-français pour “stopper les bateaux” des migrant·e·s à partir du 11 août. Très vite, des appels à la vigilance et à actions pour stopper les fachos circulent. Leurs menaces se sont révélées sans suites, mais le risque d’attaques racistes est toujours présent pour celles et ceux qui tentent de passer. Il est inquiétant de voir leurs messages se diffuser aussi largement sur les réseaux sociaux et dans tous les médias.

 

 

 

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Les frontières tuent toujours

En plus d’empêcher les personnes de circuler et de les maintenir dans des conditions de vies inhumaines, la frontière anglaise est le théâtre régulier de naufrages meurtriers. Le dernier en date a eu lieu le 4 septembre 2024. Au moins douze personnes sont mortes. Les médias nous présentent les passeurs comme seul coupable, en oubliant que si les personnes prennent des risques importants pour quitter la fRance, c’est surtout à cause de la traque mise en place par l’Etat pour chasser les exilé·e·s et leur rendre la vie impossible. Et vu les « solutions » proposées par l’Etat suite à chaque naufrage, encore plus de contrôles, de flics et de centres de rétention, ce n’est pas prêt de s’arrêter…

Soutien aux exilé·e·s et à toutes les personnes qui luttent contre les frontières !

 

 

 

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Une personne SDF meurt au commissariat de Wattignies

Le 16 août 2024 un homme de 47 ans est décédé d’un arrêt cardiaque au nouveau commissariat de Wattignies (Nord). Pour un vol d’alcool au supermarché, il s’est fait embarquer. Les flics disent l’avoir trouvé inanimé plus tard en cellule et auraient tenté de le « sauver ». Le comico est bien doté en matraque et matériel de répression mais il n’y aurait pas de défibrillateur. Et surtout, pourquoi des « erreurs » s’y produisent constamment ? Car ce n’est pas sans nous rappeler Samba, tué par la police à Wattignies en mars 2024, et la mort de Toufik au commissariat central de Lille en 2020. S’ils n’étaient pas flics, on appellerait ça des tueurs en série.
À la violence étatique s’ajoute la bureaucratie inhumaine. C’est 4 jours après son décès qu’un courrier apporte la tragique nouvelle à sa famille. Trop tard selon elle, surtout qu’il s’agissait d’un majeur protégé, mis sous tutelle avec 4 proches contactables. Ils attendent toujours les résultats de l’autopsie. La famille s’est rapprochée d’un avocat. ACAB.

 

 

 

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ON A PERDU LA RUE DE VALMY !

L’été est rude dans la rue de Valmy de Lille. Ces derniers mois, le local de L’Offensive, qui porte un projet municipaliste libertaire, n’a cessé de se faire attaquer par des néo-nazis (Lions des Flandres en tête de gondole). Le loyer étant trop cher pour ce collectif trop ambitieux, celui-ci déménage. On espère qu’ils retrouveront vite un coin pour faire fleurir leurs envies révolutionnaires. On passe devant et on constate que la vitrine n°41 porte encore les séquelles de la dernière attaque au pavé.

En remontant un peu la rue, on pensait tomber sur la librairie Meura. Née en 1946 et importante pour la diffusion d’idées dissidentes, elle a mis la clé sous la porte en juillet dernier. Ses vitrines n’en auront pas moins été attaquées ces dernières années, par autant de fascistes qui détestent la culture et la liberté. On s’attendait à un local vide, mais c’est déjà rouvert… et l’enseigne a bien changé ! C’est un « concept store » qui a volé le n°25. « Tatoos », « barber shop », blanchiment dentaire, et onglerie remplacent pêle-mêle les étagères de livres politiques. On ne pouvait pas rêver plus libéral pour remplacer les idées socialistes ou libertaires.

Beurk, taillons-nous. Avant de quitter la rue, on passe devant le n°8, et on constate : il ne reste donc que le centre de dépistage pour attirer quelques prolos à l’extrémité de cette rue bourgeoise rendue à la bourgeoisie. Espérons qu’il tienne face à la libéralisation des soins. En attendant, faisons comme les riches, virons les nuisibles de nos quartiers, expulsons les bourges !

 

 

 

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