Caroline Estlachef de personne

Vous vous rappelez de Caroline Eliacheff ? C’est une psychanalyste et pédo-psychiatre qui n’aime pas les enfants trans. Elle écrit des bouquins qui « alertent » sur la médicalisation des jeunes trans… Elle fait aussi parti de l’observatoire de la petite-sirène, un groupe qui milite pour interdire la transition médicale. L’extrême droite l’adore autant que l’extrême centre ! En 2022, sa venue à Lille était perturbée par l’action collective alors qu’elle devait présenter son bouquin La Fabrique de l’enfant transgenre à Citéphilo (programme intellectuel bourgeois local). Pas rancunière, elle est revenue cette année, mais cette fois à la Catho pendant le festival (aussi bourgeois) ECOPOSS. En terrain conquis, pensait-elle ?

Malgré une propagande certaine pour le festival (affiches dans tout Lille et mail d’invitation aux 40.000 étudiant·es de la Catho), il n’y a eu qu’une petite dizaine de participant·es à la causerie d’Eliacheff et sa pote Céline Masson. Sans compter la trentaine de camarades trans, queer, antifascistes qui s’est invitée au rendez-vous. Applaudissements, sifflets, slogans : Caro n’a pas pu causer. Un vigile sort une personne violemment, puis la frappe dehors ainsi que des nouvelle·aux participant·es qui souhaitent entrer. Dedans, l’organisation se déplace dans une autre salle, pendant que des flics pressent vers la sortie (de secours) les fauteur·ses de troubles. Trop tard, y’a plus personne pour écouter les transphobes ! On espère que Caro n’essayera plus jamais de venir à Lille répandre sa propagande de merde.

À l’heure où les discours discriminants se multiplient à coups de lobbys réacs, leur apporter une réponse ferme et efficace est indispensable !

¡ No pasaran !

10 septembre à Lille : et la rue elle est acquise !

La journée du 10 septembre était chargée et joyeuse. On a fait une petite sélection des trucs qui nous ont marqué.

5h : 350 personnes à la Bourse du Travail. Certain·es hésitaient à rendre cet appel public, mais la veille, une banderole sur le périph’ annonçait clairement le rendez-vous. Au final, la présence massive avant le lever du soleil nous a tou·tes donné la patate ! Direction B’twin village et périph’, bloqués 1h à base de barricade enflammée. Dispersés par les flics, les gens se retrouvent en se passant le mot par bouche-à-oreille, comme un « 8h45 Porte d’Arras » qui a mené à un beau blocage.

8h : Lycées lillois bien déter’ ! Les cours n’ont pas repris depuis plus de deux semaines, mais Pasteur (Vieux-Lille) et Montebello (Porte des Postes) et l’EPIL (Wazemmes) mettent la barre haut pour cette première journée de mobilisation. Petits blocages, barrages filtrants… selon l’endroit, la police a réagi différemment, mais encore une fois elle n’hésite pas à gazer et violenter la jeunesse ! ACAB !

13h : 500 personnes en AG !? 1h30 avant le départ de la manif du jour, une assemblée est posée. 500 personnes y participent, en mangeant des centaines de sandwiches faits par des camarades le matin-même. Le micro tourne bien, ça rappelle la fougue des Assemblée populaires des GJ. Propositions stratégiques, revendications, témoignages individuels, petites musiques composées la veille… les prises de parole s’enchaînent avec fluidité et galvanisent pour la manif qui suit !

14h30 : 15 à 20.000 personnes en manif ! Rue Faidherbe : des tags sur ces containers dorés moches de Lille3000 : « Macron explosion ! ». Rue Nationale, le Printemps a perdu quelques vitrines et le Carrefour plu loin n’en a plus une seule intacte… Plusieurs gros gazages place de Strasbourg. Devant les halles du Match Solférino, une Tesla garée n’a pas résisté à la foule en liesse : ses vitres sont éclatées et un tag « Nazi » sur le capot. Au théâtre Sébastopol, alors qu’un canon a eau arrose la foule, une 2e Tesla se prend 2-3 pavés. Après plusieurs dizaines de minutes, l’intervention du canon à eau et un petit feu de poubelle à Sébastopol, la manif arrive enfin à Répu. Les flics finissent par tenter de vider la place, ils gazent massivement pendant de longues minutes, forçant les gens à refluer vers… la rue de Béthune et Molinel. Des groupes s’y reforment et continuent la fête.

18h30 : AG-Soupe place Casquette. Alors que toutes les terrasses de la ville sont dans une euphorie collective, une AG réunit 200 personnes place Casquette, et fomente déjà la suite de la lutte !

10 septembre dans le NP2C : grève, blocage, manif sauvage

Le 10, c’était aussi de très nombreuses actions réussies dans toute la région. On en a relevé quelques-unes comme le blocage d’Amazon ou le piquet de grève à Nestlé, dans le Douaisis. Ça a bloqué aussi à ArcelorMittal à Dunkerque, aux rond-points d’Auchan Petite-Foret (Valenciennes) et celui du péage de Nœux-les-Mines près de Lens. D’autres ont été occupés avec barrages filtrants, comme au MIN de Lomme, à Saint-Pry près de Béthune, à Calais-Outreau, ou encore à Bailleul.

Les lycéen·nes de Lille se sont aussi motivé·es sur cette journée en bloquant Pasteur, l’EPIL ou encore Montebello. L’ESAAT (Roubaix) a fermé ses portes après un blocage en matinée.

Il y a aussi eu plein de manifs, de Valenciennes à Dunkerque, en passant par Arras, Béthune, Maubeuge et Boulogne. La manif de Douai a fini en sauvage et celle de Calais s’est même prolongée par une action d’occupation du Carrefour, contraint à fermer ! On imagine de nombreuses autres actions dont nous n’avons pas connaissance, n’hésitez pas à envoyer vos infos à anarchielocale59[arobase]subvertising.org !

Du scandale individuel à la punition collective

Fin juillet une réfugiée gazaouie, Nour, a subi une campagne de harcèlement raciste, sur internet et à la télé. Elle était inscrite à Sciences po Lille et était hébergée chez le directeur Étienne Peyrat en attendant son logement CROUS. Mais un élu RN a révélé ses tweets antisémites citant Hitler, et comme ils n’aiment que les nazis blancs, ça a été relayé par la facho-réac compagnie (CNEWS, Retailleau…). L’extrême droite instrumentalise la lutte contre l’antisémitisme pour avancer son discours raciste. Et ça fait flipper de voir les conséquences que ça a.

En 48 heures seulement, Jean-Noël Barrot (ministre des affaires étrangères) l’a expulsée vers le Qatar, en l’accusant d’apologie au terrorisme.
À la suite de ça, le gouvernement français a interdit l’attribution du statut de réfugié à toutes les personnes palestiniennes. Au delà de l’occupation, de la guerre et du génocide que ce peuple subit, c’est insensé de refuser l’asile à tout un peuple parce qu’une personne a eu des propos antisémites. Donc on voit surtout cet enchaînement d’événements comme une preuve des mécanismes de domination raciste et coloniaux de l’état français.

À Lille, cet été, on était dégouté·es car on a rien pu faire pour protester contre la punition collective à l’encontre de tous·tes les palestinien·nes. Déjà parce que bah… y’a personne l’été ! Mais aussi parce qu’on se sent vachement dépendant·es de l’AFPS 59, alors que leur moyens d’actions ne nous correspondent pas, mais on sait pas vers qui se tourner d’autre quand il s’agit de la Palestine. On espère qu’à la rentrée on sera plus nombreuxes pour mettre la misère aux fachos, car cette histoire nous révolte et ces décisions nous dégoûtent et nous enragent.

L’instrumentalisation de l’antisémitisme contre les palestinien·nes et celleux qui luttent en solidarité doit s’arrêter.

Stop génocide, free Palestine !

Note importante : ce texte a fait l’objet d’une modification depuis sa première publication début septembre 2025. Une nouvelle version du format papier a été éditée et réimprimée pour continuer sa diffusion. Le motif de cette modification sont détaillés dans le numéro 18 d’Anarchie Locale.

Nik les portiks

L’escalade au tout sécuritaire continue aussi dans les lycées. Depuis fin avril 2025, on peut désormais voir au lycée Montebello des portiques flambant neufs pour contrôler les allées et venues des élèves. Outre le fait que faire rentrer 1400 élèves au compte-goutte est assez débile – et l’établissement est d’accord puisque c’est juste grand ouvert aux heures de pointe – ce petit système à coûté 40 millions à la région (le prix de 1400 profs). Mais évidement, pour les fondus de « la sécurité est la 1ere des liberté » ça reste pas assez : il faudrait en plus installer tout plein de caméras et autoriser la reconnaissance faciale !
On est pas sûr si « prof = flic », mais de plus en plus « école = prison« …

Fac en lutte : occupe et réoccupe

Le 20 mars, une bande d’étudiant·es a décidé de prolonger une AG à Lille 3 et a fini par y dormir. Contre la réforme des masters, contre les coupes budgétaires (impactant les facs et d’autres sévices publics), contre la colonisation en Palestine. Du 25 au 29 mars, y z’y retournent : ateliers variés, cantines, expressions murales très créatives, puis au dodo ! En fin de semaine, c’est l’apogée, 3 étudiant·es ont reçu un mail les menaçant de sanctions disciplinaires s’ils n’arrêtent pas de faire chier. Un peu, mon n’veu ! Le dernier jour, les flics s’installent à 6 camions près de la bibliothèque pour préparer l’évacuation. Stratège, la quinzaine d’étudiant·es restée pour le week-end décide de se tailler. Mais ça promet d’y retourner, plus que jamais énervé·es ! Les facs bougent partout en France, à voir de loin, c’est beau comme une bagnole de flic qui brûle !

Les informations sont dispos sur le compte Instagram @lille2_enlutte.
Pour voir Insta sans avoir Insta, vous pouvez utiliser flufi.me.

Mouvement étudiant : bloque et rebloque !

Il était une fois, 100 étudiant.es qui voulaient bloquer leur fac pour alerter sur les coupes budgétaires. Arrivée 6h à Pont-de-Bois : les flics sont déjà sur place. Pas étonnant, ça fait 1 an que le président de l’université (régis bordet) censure toutes les initiatives politiques. Gazages, contrôles, fouilles, toujours le même cirque autoritaire.

Ni la répression ni les lacrymos n’entament la déter étudiante. Après un repli stratégique, iels reviennent en force à 8h pour bloquer la passerelle. Les lacrymos fusent à tout va, enfument le campus et blessent légèrement un·e pote. Résultat, un blocus qui tient pas et une foule en colère !

Des profs prennent position en faveur du blocage et contre la répression policière. Les étudiant·es, eux, débrayent joyeusement les amphis et partent en manif sauvage à 180 sur le campus. Jeudi 27 février 2025, iels re-bloquent. Cette fois-ci, les keufs se tiennent sages. Bordet a retenu la leçon. Malgré quelques galères (dont une petite bagarre avec des fafs anti-blocages), ils tiennent jusqu’à midi, et informent les curieux.es des suites. Parce que cette fois, c’est sûr, la mob’ est partie pour durer !

Lire aussi : « Anniversaire de l’occup de Lille 3 » (Anarchie locale – n°3mai 2024)

Le retour de l’uniforme

Ça fait presque cliché de dire que l’école est un lieu d’embrigadement de la jeunesse. On a très facilement en tête le clip de The Wall où des profs passent des gamins dans un hachoir à viande. Pourtant cette rentrée, c’est le retour de l’uniforme à l’école dans une soixantaine d’établissements scolaires de fRance. Dans le Nord, on se retrouve donc avec une dizaine d’écoles et 1 lycée pro qui forceront leurs élèves à porter un uniforme bleu marine – sans commentaire. L’argument phare, c’est que ça « éviterait les discriminations », parce qu’évidemment avoir les même fringues que les autres va magiquement supprimer l’ensemble des dominations que l’école tolère et/ou reproduit. Comme autre moyen de contrôle des enfants, certains collèges (environ 200 en fRance) vont interdire purement et simplement les téléphones. Ajouté au SNU, le désir de l’État de faire des jeunes des amoureux.euses de la patrie et des entreprises est devenu difficile à ignorer. L’école devient un espace de simulation du travail : on y enfile son uniforme et chaque minute passée y est contrôlée. C’est pas un hasard si le seul lycée qui teste l’uniforme est un lycée pro. Les récentes réformes des lycées pro visaient déjà à transformer les lycéen·nes en main d’œuvre corvéable pour les patrons. À terme, toutes les écoles, collèges et lycées – pro ou non – devraient revêtir l’uniforme. Mais peut-être que c’est ça leur but, qu’enfin le hachoir à viande ne discrimine plus.

 

 

 

texte publié dans Anarchie Locale n°6

Bordet n’aura pas notre silence !

Depuis plusieurs semaines déjà, les étudiant·es de Lille se mobilisent en soutien au peuple Palestinien. Mais bon, vous ne serez pas étonné·es si je vous dit qu’avec cette mobilisation vient la répression. Lors du premier blocus de l’ESJ, les militant·es se sont fait gazer devant Sciences-po alors qu’iels tentaient de bloquer l’IEP, situé à quelques mètres de l’école de journalisme. Quelques jours plus tard, une occupation a été lancée à Lille 3. Celle-ci s’est soldée par une expulsion commanditée par Régis Bordet, président de l’université de Lille. Une soixantaine de keufs, armés de leurs matraques et de leurs boucliers, ont alors mis dehors la vingtaine d’occupant·es présent·es sur les lieux à ce moment-là. Tout cela accompagné de propos transphobes, misogynes, racistes, et j’en passe.

Régis Bordet avait annulé quelque temps auparavant la conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan initialement prévue à Lille 3. Quoi qu’il puisse dire pour se dédouaner de ses décisions, elles relèvent clairement d’un positionnement politique, et ce dernier, vous l’aurez compris, n’est pas en faveur du peuple palestinien. Face à toutes ces manigances répressives et manipulatrices, les étudiant·es se sont passé le mot : Face à l’oppression, résistons !

 

 

 

texte publié dans Anarchie Locale n°4